Les températures moyennes dans la région de Montréal pourraient augmenter de deux à quatre degrés Celsius entre 2041 et 2070, selon le scénario de réchauffement climatique le plus pessimiste. Les cas de maladie de Lyme et de virus du Nil occidental pourraient alors augmenter dans les villes métropolitaines. Certaines espèces de moustiques subtropicaux pourraient même s’établir dans le sud du Québec d’ici la fin du siècle, entraînant avec elles de nouvelles zoonoses comme la dengue.
C’est ce qu’affirme, entre autres, la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP) dans son premier portrait climatique intitulé “Évaluation de la vulnérabilité de l’agglomération de Montréal aux changements climatiques” document de 130 pages.
D’ici 2050, l’ensemble du Québec, sauf le Nord, connaîtra une augmentation de 10 % des populations de moustiques du virus du Nil occidental, en raison des changements climatiques et de température qui favorisent de “meilleurs” habitats pour le vecteur, a souligné Alexandre Barris, toxicologue à la DRSP de Montréal et l’un des auteurs du rapport.
Cinq cas humains de virus du Nil occidental ont été confirmés dans la métropole en 2023, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux. Souvent, il n’y a aucun symptôme, mais cette infection peut provoquer des symptômes tels que de la fièvre ou des maux de tête. Dans moins de 1 % des cas, la maladie provoque des lésions neurologiques graves, comme une encéphalite.
En plus de ce virus, les bactéries responsables de la maladie de Lyme peuvent également se développer. Il est vrai que les tiques porteuses de ce virus verront “leur aire de répartition s’étendre et leur population augmenter” en raison du réchauffement climatique. “Si on se base sur des projections pour le milieu du siècle, on s’attend à ce que le sud du Québec devienne endémique [en ce qui concerne] les puces”, a déclaré Alexandre Barris.
Sept cas de maladie de Lyme ont été signalés à Montréal en 2022, selon l’Institut national de santé publique du Québec. Cette infection, qui se manifeste d’abord sous forme de rougeurs, peut provoquer de la fièvre, de la fatigue et des douleurs musculaires. Si elle n’est pas traitée, l’infection peut se propager aux articulations, au cœur et au système nerveux. Dans son rapport, la Santé publique souligne que des troubles de santé mentale peuvent également apparaître chez les personnes touchées, comme la dépression, l’anxiété et la panique.
Avec les changements climatiques, la région de Montréal pourrait également “devenir le foyer d’une population de moustiques porteurs de la dengue”. Souvent asymptomatique, elle peut inclure de la fièvre, des maux de tête sévères et, dans les cas graves, des saignements légers et des vomissements persistants. “Le problème est principalement l’épidémie qui sévit sur toute l’île. [de Montréal] car nous aurons un prix vectoriel”, a déclaré Alexandre Barris. “Ce vecteur peut par exemple piquer une personne infectée et la transmettre à deux personnes à proximité.” Cela risque d’augmenter les consultations médicales, a-t-il ajouté.
Selon la DRSP Montréal, certaines populations sont plus sensibles aux zoonoses, notamment les enfants de moins de 14 ans, qui ont des comportements à risque pouvant mener à une infection (ex. : courir dans les herbes hautes). Les personnes dont le système immunitaire est affaibli ou qui souffrent de maladies chroniques courent un plus grand risque de développer des symptômes graves du virus du Nil occidental. La même chose arrive aux personnes âgées, car elles sont plus sensibles aux infections.
Santé publique Montréal entend s’appuyer sur son rapport “Évaluation de la vulnérabilité de l’agglomération de Montréal aux changements climatiques” pour élaborer un plan régional d’adaptation au changement climatique qui sera présenté en 2027.