Alors que le président de la République a dévoilé les grandes lignes d’un projet de loi sur “l’aide à mourir” pour la fin de vie, une “stratégie décennale” pour renforcer les soins palliatifs devrait également être présentée d’ici fin mars 2024. Le Dr Sarah Halioui, médecin au service de soins palliatifs de l’hôpital privé du Grand Narbonne (HPGN), a souligné les limites de ce projet.
Le 1er décembre 2022, Olivier Véran et Agnès Firmin Le Bodo, porte-parole de la Délégation du Gouvernement et ministre chargée des Organisations territoriales et des professions de santé, se sont rendus à Montredon-des-Corbières pour participer à des échanges sur l’évolution de la législation en matière de fin de vie. Ils ont rencontré des patients et des infirmières en soins palliatifs de l’HPGN.
Le projet de loi sur “Aider les mourants”, dévoilé par le Président le 10 mars dans La Croix et Libération, sera accompagné d’une “stratégie sur dix ans” pour renforcer les soins palliatifs. Elle représente un investissement de 1 milliard d’euros. Le Dr Halioui souhaite relativiser ce montant en soulignant qu’il ne représente qu’une augmentation de 6% du montant alloué aux soins palliatifs. Elle appelle à mettre en place un plan d’économies des dépenses publiques pour financer cette ambition.
Le service de soins palliatifs de l’HPGN compte 12 lits, mais plus de 720 patients sont suivis, 95% à domicile, avec plus de 600 nouveaux patients chaque année. Certains suivis sont longs, jusqu’à 10 ans, alors que d’autres sont beaucoup plus courts. Le service ne dispose actuellement que de trois médecins équivalents temps plein. Le Dr Halioui appelle à davantage de moyens et à la mise en place de projets de territoire pour soutenir les médecins libéraux.
Le projet de loi suscite la colère du Dr Halioui, qui dénonce l’incohérence des paroles et des actes. Elle cite des exemples concrets pour appuyer ses critiques. Elle s’interroge sur la place accordée aux soins palliatifs dans la société : “Quelle société voulons-nous ?” Elle rappelle que chaque jour, en France, 500 personnes ont besoin de soins palliatifs et n’en ont pas.