Santé mentale : une tâche herculéenne

Alors que les problèmes de santé mentale continuent à augmenter, comment pouvons-nous préparer la prochaine génération à prendre soin de nous ? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé nos experts et rassemblé leurs idées.
En 2019, une personne sur huit dans le monde souffrait de troubles mentaux. Un an plus tard, la COVID-19 a aggravé la situation, faisant plus d’une personne sur quatre souffrant d’anxiété ou de dépression majeure – les deux troubles mentaux les plus courants, suivis des troubles bipolaires, post-traumatiques, comportementaux, alimentaires, neurodéveloppementaux et de la schizophrénie.
Au Québec, un patient sur trois qui se présente aux urgences souffre de problèmes de santé mentale en raison d’un manque de services et de soutien communautaire. Cependant, le rétablissement, le véritable rétablissement, nécessite un projet de vie, rappelle Catherine Dugas, ergothérapeute et conceptrice de formation clinique à l’École de réadaptation.
Pour faire face à cette nouvelle réalité, les futurs aidants devront faire preuve d’engagement, d’adaptation et de créativité. En lien avec les préoccupations sociétales, la Faculté de médecine a également ses propres défis, notamment former la nouvelle génération afin qu’elle puisse répondre avec succès aux besoins réels des patients tout en prévenant l’épuisement professionnel.
Une nouvelle génération de psychiatres, médecins et autres professionnels de la santé devra relever ce défi sans faiblir face à ce système difficile et veiller à ce que leur motivation et leur mobilisation restent intacts. Avec le renouvellement constant du programme de médecine, la Faculté de médecine réfléchit à la signification du mot « soins » au-delà des compétences techniques et théoriques. Quel est le rôle fondamental d’un médecin ? Comment enseigner la communication et les relations bienveillantes ? Par conséquent, les soignants doivent acquérir plusieurs outils de communication pour établir une relation de confiance avec les patients, en tenant compte de leur parcours de vie, de leur environnement et de leurs ressources pour offrir les meilleurs soins qui répondent à leurs besoins.
Les nouvelles recrues doivent être attentives à ne pas être submergées par le respect des indicateurs de performance, car cela peut être épuisant. Marie-Ève Goyer, professeure clinicienne en médecine familiale, prévient qu’il est important de ne pas être constamment dans le traitement d’urgence et de prendre le temps de bien traiter chaque patient. Dans un système aux exigences exponentielles où le travail peut être stressant, les soignants sont seuls responsables de s’arrêter et de définir leurs limites, en se dotant des ressources et des conditions optimales pour leur propre développement et leur créativité.
Le système de santé est organisé de telle manière que ce sont les personnes les plus organisées et les moins malades qui ont accès en premier aux services de santé, ce qui peut être un obstacle pour certains. Il est essentiel que les futurs soignants clarifient les responsabilités des psychiatres de la population et les intègrent à la pratique. Les personnes qui consultent le plus en psychiatrie ne sont pas forcément celles qui en ont le plus besoin. Il est donc important d’adopter un paradigme de besoin plutôt que de demande et de s’assurer que les groupes les plus défavorisés soient pris en charge en priorité.
Enfin, pour changer la trajectoire de cette maladie majeure et fournir de meilleurs services à la société, les nouveaux membres doivent cultiver des attitudes de leadership inspirantes pour diriger des projets et les mettre en œuvre. Les psychiatres doivent travailler de manière interdisciplinaire avec les médecins de famille, les ergothérapeutes, les travailleurs sociaux, les psychoéducateurs, les psychologues et les thérapeutes. Ils doivent agir en tant que leaders solidaires auprès de la première ligne et de l’équipe scolaire. Plus ils sont à l’aise pour exercer ce rôle et prendre soin d’eux-mêmes, moins il y a d’épuisement professionnel et d’exode vers le secteur privé.

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