Ces dernières années, les professionnels de la santé ont été victimes d’une multiplication d’actes de violence. L’Observatoire de l’Ordre des Médecins a recensé une augmentation de plus de 23 % en un an. Cependant, de nombreux médecins estiment que la situation est bien plus inquiétante et expriment leur préoccupation quant à leur sécurité dans l’exercice de leur profession.
L’Ordre des Médecins a enregistré 1 244 incidents en 2022 dans toute la France, qui semblent anodins mais qui ont un impact sur la prise en charge des patients. En réponse à l’insécurité, 12,6 % des médecins ont réduit ou arrêté leur activité et 10,3 % n’ont plus effectué de consultations à domicile.
Une enquête menée auprès des médecins de l’URPS Occitanie a révélé que 75,9 % d’entre eux ont été victimes de violences au cours des trois dernières années, dont 30 % plusieurs fois par an. Les résultats indiquent également que 44 % des personnes interrogées sont insatisfaites du système ou de l’organisation mis en place pour assurer leur sécurité, tandis que 37 % des médecins traitent régulièrement des situations de violence, mais moins de 10 % ont suivi une formation appropriée. Les femmes sont plus susceptibles de subir des actes de violence (+15 %), mais moins enclines à porter plainte (-13 %). En outre, ces violences sont plus fréquentes dans les cabinets de groupe (+14 %) et en milieu rural (+5 %).
En réponse à cette situation accablante, le gouvernement a proposé un « Plan de sécurité des agents de santé », qui sera mis en place en septembre 2023. Cette proposition vise à considérer tous les professionnels de santé chargés d’une mission de service public et à accorder ce statut aux personnels exerçant en qualité de salariés professionnels de santé indépendants. Ces évolutions législatives permettront aux libéraux de bénéficier de diverses dispositions pour renforcer leur protection pénale, actuellement reconnue uniquement pour les professionnels de santé travaillant dans les établissements de santé. Toutefois, il faudra attendre que l’Observatoire national des violences en milieu sanitaire (ONVS) autorise les recueils de témoignages des médecins libéraux, un outil que seulement 2,7 % des professionnels utilisent actuellement.