Rewrite de l’article en français :
Comme la Belgique, la Suisse, les Pays-Bas et l’Espagne avant elle, la France va bientôt légaliser une forme d’aide active à mourir. Dans un entretien avec Jonction et Libérer, Emmanuel Macron a annoncé que le projet de loi ouvrant “la possibilité de demander l’aide à mourir sous certaines conditions strictes” sera “sur la table du Conseil des ministres en avril, en première lecture en mai” à l’Assemblée nationale. “Cette loi est nécessaire car il y a des cas que nous ne pouvons accepter humainement dans notre pays aujourd’hui et qui font souffrir les familles, les patients et les équipes médicales”, a déclaré le président de la République, répondant ainsi à sa promesse de campagne.
Le texte prévoit que les personnes “souffrant d’une maladie incurable avec un pronostic important en jeu à court ou moyen terme” et souffrant de douleurs insupportables pourront demander l’accès à une substance mortelle ; la faculté de médecine tranchera sur cette demande. En cas de réponse favorable, l’administration du médicament sera effectuée par la personne elle-même ou, à défaut, par un bénévole désigné ou un gardien.
Cette annonce est le fruit d’une longue réflexion sociale : l’exécutif a réuni (de décembre 2022 à avril 2023) 184 Français pris au hasard dans une convention citoyenne sur la fin de vie. Au final, 76 % d’entre eux se sont déclarés favorables à une modification de la loi Claeys-Leonetti actuelle, qui ne convient pas pour répondre à toutes les situations d’urgence dans un pays où 21 départements ne disposent pas de lits dédiés aux soins palliatifs (la région compte 12 lits pour 100 000 habitants, soit environ 600 places).
Plusieurs sondages montrent également que la France soutient largement l’euthanasie et le suicide assisté. Mais, prudent sur ce sujet très controversé, Emmanuel Macron a également pris le temps d’écouter les opposants à l’aide active à mourir, parmi lesquels des communautés médicales, la Société française d’aide et de soins palliatifs (Sfap), des représentants religieux et des hommes politiques. En 2021, l’examen de la proposition de loi (Liberté et Territoire) d’Olivier Falorni, visant à créer le droit à “l’assistance médicale active en cas de décès”, n’a pu être achevé en raison de l’obstruction parlementaire de cinq députés LR, dont le marseillais Julien Ravier.
Les grandes lignes du “modèle français de fin de vie”, comme l’a proposé Emmanuel Macron, ont suscité de vives réactions, comme celle de Claire Fourcade, présidente de la Sfap : “Pour nous soignants, ce projet de loi suscite d’énormes inquiétudes”. Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, condamne quant à lui le qualificatif de “loi de la fraternité” pour désigner les textes traitant du suicide assisté et de l’euthanasie.
En revanche, à l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Hélène Goldet a salué des “progrès inattendus”. Claude Hury, militant pour le suicide assisté et les soins palliatifs, se montre prudent : “Une fois de plus, le médecin prendra la décision finale”. En France, en octobre 2019, 125 personnes âgées ou malades ont été arrêtées pour avoir acheté du pentobarbital, un anesthésique puissant, sur le Darknet en vue de se suicider. 13 militants âgés de 60 à 80 ans ont été arrêtés suite à une enquête menée par les douanes américaines. Parmi eux figurent Claude Hury et le Dr Bernard Senet, anciens médecins généralistes du Vaucluse. Ces militants seront bientôt jugés devant un tribunal de Paris pour “assistance ou implication dans l’acquisition de produits psychotropes”. À 74 ans, Claude Hury se réjouit de ce procès : “Ce sera notre plateforme. La Constitution stipule qu’avec l’avortement, les femmes ont le contrôle de leur corps. Nous souhaitons que chaque individu puisse user de cette liberté jusqu’à la fin de sa vie”.