Comment et que mangeait-on à la fin du XVIIIe siècle (1700-1789) ? Faisons un voyage gastronomique entre Béarn et Bigorre ! Voici un extrait du livre “Histoire du pays de Pontacq” de Jean Tucat, professeur honoraire et major du Félibrige, publié en 1951 et récompensé par le prix G. Schlumberger.
Il est impossible de se fier à des documents écrits pour répondre à cette question car il en manque. Cependant, on peut se reposer sur la tradition orale des paysans béarnais et bigourdans et admettre que leur alimentation ressemblait à ce que nous connaissions dans notre enfance, où la consommation de café et de sucre était presque indissociable. Les aliments transformés étaient alors inconnus et l’argent nécessaire pour joindre les deux bouts était souvent insuffisant.
Nous nous réveillions à l’aube, été comme hiver. Nous ouvrions le placard et sortions une miche de pain ou de méture, un ancien pain traditionnel de la région de l’Adour. Les hommes frottaient leur peau avec une gousse d’ail et l’assaisonnaient d’un peu de sel. Ils buvaient ce qu’ils avaient, du vin ou de la piquette. C’était tout le petit-déjeuner à cette époque.
Entre 8h et 9h, avant l’ouverture de l’école, on servait la soupe. Un petit morceau de lard – juste assez pour tenir jusqu’à la fin de l’année – était servi sur un morceau de pain ou de méture. Pendant les périodes de gros travaux, on ajoutait souvent de la graisse de porc salé, d’oie ou de canard.
C’était le repas le plus important de la journée, avec le repas du début d’après-midi avant les cours de l’après-midi. On mangeait donc, selon la saison, des œufs, du jambon, du ragoût, et à la place du pain ou de la purée, on “broyait” de la semoule de maïs légèrement humidifiée de graisse.
En été, lorsque les enfants rentraient de l’école vers 17 heures, on mangeait un morceau de pain ou de méture avec des fruits. Et enfin, le soir venu, toute la famille s’asseyait autour d’un chaudron contenant de la broye, de la soupe ou du lait, et chacun se servait à tour de rôle avec une cuillère en bois.
Lors des longues soirées d’hiver, les châtaignes, bouillies ou rôties, complétaient parfois le repas. C’était une vie simple. Bien sûr, on pouvait se régaler lors des vacances avec des plats plus épicés et plus généreux.