Après un parcours de soins difficile en psychiatrie, Charlotte a souhaité devenir pair assistante à Montpellier

Après un parcours de soins difficile en psychiatrie, Charlotte a souhaité devenir pair assistante à Montpellier. Originaire du Canada, ce nouveau concept consiste à apporter un accompagnement à des patients après avoir vécu la même pathologie. En France, le développement aura lieu dans l’Hérault, et plus précisément à Montpellier.

Charlotte Carugati peut enfin se projeter. Après plus de 30 ans de traitement, de soutien psychologique, de rechute et d’internement, cette jeune femme de 33 ans est sur le point de se marier. “Personne n’osait parier cinq centimes sur moi à cette époque”, s’exclama Charlotte.

Dès l’âge de trois ans, les professionnels ont détecté chez elle des problèmes de comportement. “J’ai été diagnostiquée bipolaire, borderline et hypersensible. Au cours de ma vie, j’ai consulté des centaines de médecins et testé de nombreux médicaments”, dit-elle clairement.

Détecter une pathologie est une chose. Y faire face et vivre avec est une autre chose. Trois décennies après sa première rencontre avec un professionnel de la santé, les coûts pour Charlotte ont été énormes. “La santé mentale coûte très cher. À la fois en termes de temps, d’énergie, mais aussi financièrement car de nombreux traitements ne sont pas remboursés”, explique-t-elle. “Nous nous sommes retrouvés internés dans des centres inadaptés, mélangés à des patients souffrant d’autres problèmes…”, soupire la future mariée.

Ces problèmes majeurs empêchent donc ces femmes de travailler. Stabilisateurs de l’humeur, antidépresseurs, somnifères ou anxiolytiques, “j’ai besoin de l’Aide aux adultes handicapés (AAH) pour survivre, mais malgré tout, cela a été un voyage semé d’embûches pour l’obtenir”. Car le montant de l’aide dépend du département. “On peut l’avoir en 06 et non en 34 de la même manière. La paperasse est interminable et quand on est fragile, quand on pense au suicide tous les jours, on ne peut pas non plus faire preuve d’« intelligence »”, croit-elle.

En 2017, alors que la jeune femme semble se stabiliser, Charlotte fait une rencontre qui va changer sa vie. “J’ai assisté à un salon spécialisé en santé mentale, à l’occasion de la Journée internationale des troubles bipolaires (le 30 mars, NDLR). C’est là que j’ai compris que les gens vivaient la même chose que moi. Ne vous sentez plus seul, partagez un voyage similaire… Toutes les histoires sont différentes mais beaucoup se rejoignent”, explique-t-elle.

Une simple réunion ? Pas trop. “Une femme a lancé le processus d’assistance par les pairs. J’ai alors découvert une solution dont je n’avais jamais entendu parler”, s’étonne Charlotte. L’entraide, c’est lorsqu’un ancien patient, en voie de guérison, accompagne une personne qui éprouve des difficultés pour l’aider dans son parcours de traitement. “J’ai appris que je devais conserver mon ordonnance dès mon premier traitement, en passant par certaines administrations pour espérer un soulagement… Sans cette personne, nous n’aurions pas cette information”, explique-t-elle.

Assistante de ce collègue, Charlotte lui sera toujours reconnaissante. Mais c’était maintenant à son tour de proposer cette aide. “Je viens de passer quatre semaines à Pignan, pour comprendre comment on peut apporter cette aide aux patients du service. Mon expérience personnelle est une force que je dois partager”, dit-elle.

Pas médical ni social, mais une passerelle entre tous les professionnels, c’est ainsi que se décrit la jeune femme. “En psychiatrie, certaines personnes ont plus de facilité à parler face à quelqu’un qui n’est pas médecin. Je suis là pour écouter, donner des conseils, mais surtout pour rapprocher les différents acteurs du parcours de soins.” Un gros chantier, puisque la France ne compte qu’une trentaine de collègues dits “professionnels”.

Pour ce faire, Charlotte envisageait de s’installer dans la région de Montpellier, “C’est l’une des régions les plus structurées du pays”, explique-t-elle. “Le monde médical commence tout juste à prendre conscience de cette innovation”, a-t-elle conclu. Contact : [email protected].

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