Mesdames et Messieurs, notre équipage vous proposera sous peu un repas chaud…
Après avoir attendu plus d’une heure dans les méandres du contrôle de l’aéroport, mon estomac commençait à se rebeller de nervosité. Mais avec un plateau de nourriture, j’ai peur qu’il ne me pardonne pas du tout.
Mon vol long-courrier a commencé avec le petit-déjeuner il y a quelques heures : croissants surgelés enveloppés dans du cellophane moelleux, thé, beurre, confiture et confettis de fromage.
Lorsqu’on m’a demandé d’ouvrir ma tablette, j’ai réalisé qu’elle penchait légèrement à droite, mais j’espère qu’elle sera suffisante pour déjeuner en altitude sans trop de dégâts, si les turbulences n’interviennent pas. Soyons optimistes.
J’ai été agréablement surpris par l’aspect du plateau, recouvert d’une serviette blanche enroulée et d’un petit récipient à bento de style japonais recouvert d’un film plastique ou aluminium. Dans les premiers ramequins, l’amuse-bouche était constitué d’un bloc de salade légèrement ratatiné “sur son fond”, mystérieux et inexplicable. On m’a dit (en enrobant la terrine) que la terrine de poisson était accompagnée d’une sauce crémeuse censée rehausser le goût. Mais comment vais-je ouvrir délicatement le petit pot de sauce sans risquer de me faire un ennemi de mon voisin si je jette de la sauce sur sa veste sombre ?
En effet, dans l’ensemble, chaque espace est mesuré avec précision. Se déplacer, c’est aussi éviter les chutes ou les poussées intempestives des voisins. Devant l’apéritif se trouve un plateau en aluminium. Je ne sais pas s’il s’agit de cuisine fusion, mais le poulet choisi est un délicat équilibre entre le caoutchouc et le carton. Un subtil mélange de sec et de crémeux avec une touche d’imprévisibilité.
Heureusement, il y a des coquilles à la sauce tomate sur la gauche. Je pense que la sauce tomate est dangereuse à cause de sa couleur rouge foncé…. Alléluia, un petit camembert sur un biscuit salé a le goût du camembert. C’est vrai qu’il est un peu frais, mais il reste bon. Après ce merveilleux festin, ai-je encore de la place pour le dessert ? Eh bien, cédons à la tentation irrésistible d’un pot de yaourt aromatisé anonymement et de ses biscuits secs (secs, très secs !) qui clôtureront avec bonheur cette aventure gastronomique de haut niveau.
Et pourtant, il n’y a même pas la possibilité, comme un enfant dans une voiture, de crier : “Papa, quand arriverons-nous ?”