“On sent que notre travail devient de plus en plus précaire”, crie avec peur l’infirmière Asalée du Lot-et-Garonne.

Les retards de paiement menacent le paiement des loyers… L’infirmière Asalée du Lot-et-Garonne a protesté contre le nouvel accord de la Caisse nationale d’assurance maladie, leur principal bailleur de fonds.

« Si notre profession disparaît, aucun patient n’aura le droit de recevoir les soins primaires que nous prodiguons », s’écrient les infirmières de l’Equipe Libérale d’Action Santé (Asalée) en France, y compris les 15 membres du groupe en Lot-et-Garonne.

Créé en 2004 par un médecin généraliste, le dispositif Asalée vise à améliorer la prise en charge des patients souffrant de maladies chroniques (comme le diabète, l’obésité…) et de risque cardiovasculaire grâce à des infirmières travaillant en étroite collaboration avec les médecins, directement dans leurs locaux.

Cependant, si les frais de location étaient pris en charge jusqu’ici par l’association Asalée, grâce aux subventions de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), une nouvelle convention a été remise à l’association en 2024. Les infirmières d’Asalée ont refusé de la signer : « [La Cnam] a refusé depuis fin 2022 de payer le loyer des bureaux occupés par des infirmiers », selon Annael Demiautte, l’une des 15 infirmières Asalée du Lot-et-Garonne. Et elle a supprimé la réserve qui permet de payer les salariés à temps.

Cette situation est préoccupante pour ces professionnels de santé. « Nous avons connu un retard de paiement d’une semaine qui a causé du stress chez nos collègues. Nous avons eu le sentiment que notre travail était devenu dangereux », explique Annael Demiautte. Elle prévient : s’il n’y a pas d’accord entre les pouvoirs publics et l’association Asalée pour régler ce problème, « nous n’aurons plus de fonds donc plus de salaires, donc notre métier va disparaître ».

Pourtant, ce système a été créé parce que les médecins généralistes n’avaient pas le temps de suivre les patients atteints de maladies chroniques, même si leur nombre n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Selon l’ONU, d’ici 2030, les maladies chroniques seront à l’origine de 70 % du nombre total de décès et de 56 % des maladies dans le monde.

« Notre approche place le patient et ses besoins au centre des soins, en se concentrant sur ce qui manque en France : la prévention et les soins primaires », explique Annael Demiautte. En moins de 7 ans, le dispositif Asalée a traité plus de 700 patients souffrant de problèmes de santé allant de l’obésité à l’hypertension jusqu’à la maladie pulmonaire obstructive chronique. « Nous prenons le temps de les écouter, de leur expliquer leur pathologie et ainsi de prévenir leurs complications de santé en évitant les hospitalisations et en améliorant leur qualité de vie. »

C’est un service gratuit et efficace que les patients apprécient. « Les patients étaient très satisfaits de ce service. Cela a permis aux médecins de libérer du temps pour effectuer d’autres consultations, notamment en cas d’urgence. Ils ont donc prodigué des soins plus nombreux et de meilleure qualité », se souvient l’infirmière. Plusieurs courriers ont été envoyés aux sénateurs et députés du Lot-et-Garonne, et une pétition a été lancée au niveau national pour faire avancer les choses. Comme Annael, les 14 autres infirmiers du Lot-et-Garonne souhaitent actuellement faire entendre leur voix pour que leur cause, qui est aussi l’objectif de leurs patients, soit entendue.

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