La table d’anatomie virtuelle est un outil pédagogique novateur qui permet l’apprentissage de l’anatomie et la dissection virtuelle du corps humain en temps réel. Elle remplace les autopsies des cadavres, n’utilise pas de produits chimiques pour la manipulation et ne provoque pas de mauvaises odeurs ni d’inconfort émotionnel pour les étudiants. Elle respecte également les corps des défunts. Actuellement, il y a une quinzaine de ces tables en France.
Conçue dans les années 1990 par l’Université de Stanford aux États-Unis, cette innovation pédagogique est devenue importante en raison du manque de dons de corps à la médecine et de l’augmentation du nombre d’étudiants intéressés par l’anatomie et la détermination de leur devenir professionnel en tant que médecin, infirmier, kiné, biologiste, professeur de sport, etc.
Les corps de deux hommes et deux femmes ayant fait don de leur corps à la science ont été congelés, puis découpés en plusieurs milliers de tranches anatomiques extrêmement fines (0,05 mm). Chaque pièce est photographiée et numérisée, puis réassemblée en 3D par couches successives pour reconstruire un modèle identique du corps humain. Le coût est environ de 100 000 euros.
La table d’anatomie virtuelle est un écran tactile de la taille d’une table d’opération qui permet de faire pivoter et zoomer le corps humain en 3D. Les utilisateurs peuvent sous forme de sélectionner des pièces dans différents plans de l’espace, modifier l’apparence d’une partie du corps à étudier, supprimer ou ajouter des éléments anatomiques, voir en transparence, colorer et légender certains éléments. Il est même possible d’activer le cœur en visualisant le flux sanguin et les contractions du muscle cardiaque.
Cet outil pédagogique rend l’apprentissage plus ludique et permet de voir dans l’espace. Grâce à l’aide de logiciels de manipulation d’images disponibles sur internet, l’apprentissage peut se faire à distance. La table virtuelle offre également la possibilité de constituer une bibliothèque en ajoutant, par exemple, des menus prêts à l’emploi pour réaliser des cours d’anatomie. Elle peut également faciliter le diagnostic en comparant l’image tomographique ou l’IRM du patient avec des sections d’un dossier virtuel.
Cependant, la table d’anatomie virtuelle ne remplace pas l’apprentissage traditionnel dispensé à l’aide d’images et de graphiques anatomiques. Pour un groupe d’environ vingt étudiants en médecine de deuxième année à Orléans, cette technologie n’est considérée que comme un gadget. Elle n’est pas librement accessible et pour l’instant non utilisable à distance, contrairement aux logiciels 3D disponibles sur internet. L’enseignement de l’anatomie s’est fortement réduit au fil des années dans les cursus de médecine et est désormais réservé plus en profondeur aux futurs chirurgiens.
Les autopsies ne sont plus proposées aux étudiants en médecine de deuxième année, car pour la plupart des moins de vingt ans, c’est leur premier contact avec la mort. Voir et toucher des cadavres disséqués, souvent en mauvais état, était une épreuve traumatisante. Les tables d’anatomie virtuelles sont un complément alternatif, innovant et interactif pour l’étude de l’anatomie du corps humain.
Pour le Dr David Dussart, enseignant et chirurgien au CHU d’Orléans, la table anatomique a nécessité beaucoup de temps pour maîtriser pleinement toutes ses possibilités. L’enseignement en groupe de deux ou trois étudiants permettra une plus grande participation.