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Le risque de canicule est-il toujours présent à Paris ? Même après les catastrophes de l’été 2003 qui ont provoqué plus de 15 000 décès, on pensait que les mesures prises depuis cette période avaient réduit considérablement ce risque. Pourtant, le rapport annuel 2024 de la Cour des comptes présenté le mardi 12 mars, consacré à l’adaptation de l’action publique face aux changements climatiques, montre que cela n’est pas le cas. Peut-on donc éviter de tels événements climatiques extrêmes, surtout lors des prochains JO de 2024, où de nombreux spectateurs sont attendus à Paris ?
La réponse est non. Dans son rapport, la Cour écrit que Paris a été la ville européenne la plus touchée par la canicule, après avoir atteint une température record de 42,6°C en juillet 2019. Elle cite les recherches de Masselot publiées dans la revue scientifique Santé Planétaire du Lancet en 2023, qui ont déclaré que Paris a le risque de décès le plus élevé parmi les 854 villes européennes, en raison de la présence de l’îlot de chaleur. Dans ce phénomène, les températures augmentent lorsque l’asphalte et le béton créent un effet “four”. La capitale française, minérale, dense et peu végétalisée est entourée d’un périphérique, ce qui en fait un piège sanitaire estival.
Cependant, la Cour note également que la ville de Paris a développé des initiatives intéressantes pour lutter contre ce phénomène, notamment l’ambition de doubler la taille du réseau de froid urbain pour couvrir l’ensemble de la ville d’ici 2050. Le principe est de faire circuler en circuit fermé de l’eau glacée qui est renvoyée vers la centrale de refroidissement après avoir obtenu une température de plusieurs degrés en refroidissant le bâtiment où elle est distribuée. Il est également possible de réduire le phénomène d’îlot de chaleur urbain en évitant le rejet de chaleur résiduelle dans l’air autour de la ville. Cependant, il reste encore beaucoup de travail à faire, notamment sur les bâtiments eux-mêmes, et il faut continuer à procéder à la végétalisation en continuant à planter des arbres. Les grandes villes en France sont également concernées par ce phénomène, comme c’est le cas à Lyon, où les températures peuvent être jusqu’à 12°C plus élevées qu’à la campagne environnante.
De manière générale, la Cour des comptes a constaté que “la prise de conscience des dirigeants locaux de la nécessité d’adapter les villes et les gouvernements au changement climatique est récente”. Toutefois, leurs réponses sont souvent aléatoires et inefficaces, et le tribunal a exigé une rationalisation des volumineux documents de planification.
Dans le chapitre intitulé “Adaptation des villes au changement climatique”, la Cour a écrit qu’en avril 2023, seulement 52% des villes de plus de 20 000 habitants avaient adopté des plans climat air énergie territoriaux, même s’ils étaient obligatoires. De plus, les documents de planification sont souvent lacunaires. Dans le plan de gestion des risques d’inondation pour la région Rhin-Meuse de 2022 à 2027, par exemple, il n’y avait aucune indication sur la prise en compte du changement climatique dans le calcul du risque d’inondation. Cette négligence est inexcusable, surtout lorsque l’on sait que les inondations et autres phénomènes météorologiques extrêmes se multiplient dangereusement.
Le risque sanitaire concernant les canicules est encore présent, selon la Cour, et elle a rappelé que les canicules ont provoqué 2 000 décès en France à l’été 2020 et 2 800 en 2022. Le tribunal a également critiqué les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (Ehpad), où le nombre de décès dus à la canicule a augmenté de plus de 4% entre 2018 et 2022. Plus largement, la rue Cambon recommande de revoir l’architecture des bâtiments accueillant des seniors ainsi que des bâtiments accueillant des personnes handicapées. Les rideaux, filtres sur les fenêtres et les pergolas doivent être généralisés.
En conclusion, depuis la crise caniculaire de 2003, des efforts ont été faits pour préparer des alertes météorologiques spécifiques et créer des chambres fraîches dans les Ehpad. Malgré cela, la réponse n’a pas été à la hauteur des futures canicules. La Cour a donc prévenu qu’il est urgent de prendre des mesures fortes pour préserver la santé des populations vulnérables, faute de quoi il pourrait y avoir 68 000 décès chaque été en Europe d’ici 2030. Parmi les propositions avancées, la Cour a recommandé d’augmenter le financement dédié à la lutte contre le réchauffement climatique, notamment en provenance des villes. Elle a également suggéré d’élargir la capacité d’intervention des professionnels de santé pour alléger la charge qui pèse sur les hôpitaux pendant la période estivale, notamment en donnant aux infirmiers libéraux la possibilité d’effectuer des interventions sans ordonnance auprès de personnes vulnérables à domicile pour les réhydrater – ou encore de mettre en place des initiatives de pharmaciens d’officine pour organiser, avec les médecins disponibles, des adaptations des traitements.